Japan expo : No futur ?
(Ce billet est à la base un commentaire que je destinais à un billet sur la Japan chez Kaeru)
Mon premier manga, j'ai 15 ans en 1996. C'était Vidéo Girl (je ne tiens pas compte des Dragon Ball, Sailor Moon et Ranma).
Ma première convention j'ai 16 ans, c'était l'Epita en 1997 (ou alors 17 ans et en 1998, j'ai un doute). La convention se tenait encore dans les locaux de l'école Epita.
En 1998, 17 ans, premier cosplay c'était BD expo. L'ancêtre de la Japan. Sur le salon BD, un espace riquiqui était dévolue au Japon. Le salon BD était vide mais le côté Japon sur-peuplé ! Cette année-là, j'ai aussi découvert Luna Sea.
Les années ont passé, et j'ai senti le vent tourné. On me regarde comme une extra-terrestre. Je cosplay mais je ne fais pas le concours ("ben pourquoi tu cosplay alors ? "). Le fanzinat part en vrille (pro-isation de certain, coups de p*tes et mauvais esprit ambiant).
J'ai arrêté.
J'ai refais une Japan en 2005 environ. Ce fut la fois de trop...
Comment apprécier un salon qui propose pour un prix exorbitant d'entrée tout ce que je trouve ailleurs (Fnac, Konci, feu-Tonkam, etc)(oui, je suis parisienne). On est passé d'un salon de fan à une giga-entreprise commerciale. C'est logique mais navrant.
La Japan, pour moi, est finie. Elle se mord la queue, le jeune public viendra toujours mais les aînés ont quitté le navire et c'est bien dommage.
Le public actuel est habitué à ce que tout lui tombe tout cuit dans la bouche. Maintenant on trouve même des mangas chez Auchan. Rappelons quand même que la France est le deuxième pays consommateur de manga/anime derrière le Japon. Et pour en arriver là, il y a eu du chemin de parcouru !
Petit retour en arrière :
J'ai environ 10 ans. Le mercredi matin, je regarde la 5. Et je rêve devant Georgie, Nadia, Princesse Sarah, etc.
La 5 s'arrête.
Le club Dorothée prend la relève. on ajoute au programme Sailor Moon, Ranma 1/2, Dragon Ball, Ken, Malicieuse Kiki, etc. La génération club Do vient de naître. Nous qui avons passé nos après-midi devant les dessins animés sommes d'un coup privé de notre passion en 1997 grâce, entre autre, à Mme Royal (Ségolène de son prénom). Si l'on veut continuer à évoluer dans le milieu, il faut trouver d'autres sources. Peu de temps avant la fin du Club Do, un fanzine a su tirer son épingle du jeu et a réussi à passer pro : Animeland. Le public s'élargit. Pour ma part grâce à eux, je découvre la boutique Tonkam. J'ai 15/16 ans, je passe du rang de Neuneu qui regarde des dessins animés à Manga-fan.
Chez Tonkam, tous les samedi on se retrouve, on s'échange des trucs, des groupes se créent (des couples aussi puisque c'est là que Monsieur Pinpin et moi nous sommes rencontrés). Moins de 2 ans plus tard, je m'essaie au Cosplay. L'arrivée de Monsieur Pinpin me fait m'essayer au fanzinat. 2/3 ans s'écoulent encore avant que je passe Jury pour un cosplay.
Et oui...Club Do, Animeland, Tonkam, Convention, Cosplay, Fanzinat. J'ai tout fais et maintenant je dénigre.
La jeune génération ne se rend pas compte du chemin parcouru, de la galère des premiers lecteurs de manga qui armés de leurs dico français/japonais écrivaient les traductions dans chaque bulle de manga. Nos successeurs se disent Otaku dés qu'ils ont lu deux Naruto et trois One piece. Le fanzinat ne vaut guère mieux. Il y a 10 ans on faisait office de découvreurs : on traduisait des pages, on réalisait aussi nos propres mangas. Maintenant, j'ai l'impression de ne voir que des stands de dessins qui se mettent au fan service (et que je te fais ton portrait en manga, et que je te vends ma carte avec un yugi-oh en SD, etc), après, il est vrai qu'ils font ce qui se vend. Et vu que la moyenne âge du visiteur a tendance à chuter, ça va pas aller en s'améliorant...
Et puis soyons francs, payé 12€ une entrée pour trouver tout ce que je peux avoir sur le net c'est cher payé. Quand j'étais dans le fanzinat, beaucoup de "petits" fanzines ne faisaient pas le déplacement : le stand coûtent trop cher. Du coup seul les "gros" bien rodés et les boutiques peuvent avoir pignon sur rue et cela se ressent sur l'ensemble du salon.
Le soir de la Japan, j'ai croisé plein de minettes de 15/16 ans avec des oreilles de chat qui regardaient les gens de façon hautaine. Genre "il n'y a que moi qui sait". Un seul revenant de la Japan a su tirer son épingle du jeu.
J'étais sur le quai de la ligne A, je lisais le manga Judge. Je vois un gars qui me regarde, se tortille pour voir ce que je lis et finit par m'aborder. Ce jeune homme m'a parlé manga pendant 20 min. On a échangé des points de vue, et en discutant avec lui, je me suis que tout n'était perdu. Il avait l'air d'avoir conscience que d'autres lui avait ouvert la voie et nous semblait reconnaissant.
Tout n'est peut-être pas perdu en fait. Mais il y a un énorme travail a réalisé pour la Japan ne disparaisent pas et retrouve la fraicheur et la bonne ambiance de ses débuts.
Et pour ceux qui se posent la question, c'est bien moi sur la photo. BD expo 1999, cosplay Armitage, fait main sans machine à coudre.