Inculture ordinaire aux dents longues
Petite visite cet après-midi de monsieur et madame Pinpin à la librairie locale.
Un mercredi, le mois de la rentrée des classes... Pas très malin, me direz-vous ? Effectivement, mais pas pour les raisons que l'on s'imagine. Car si nous avons effectivement vécu un moment d'horreur, ce n'est pas à cause d'une éventuelle foule trop importante. Non, c'est juste par la présence de trois personnes : une maman et ses deux filles croisées au rayons "fantastique".
L'une des filles (à vue de nez, quelque part entre la quatrième et la seconde) cherchait un livre demandé par un(e) prof.
Et là, vous-vous dites : un prof qui demande un livre qu'on trouve au rayon fantastique ? Mais qui est donc cet hurluberlu, qui veut faire lire une obscure oeuvre appartenant à un genre décrié à ses élèves ? Je ne connais certes pas l'identité de l'hurluberlu ; quant à l'obscurité de l'oeuvre... Jugez plutôt :
Après quelques aller-retours des trois dans le rayon, en se disant que "ça a des chances d'être dans ce rayon-là" (mais sans trop d'assurance non plus), la mère demande à sa progéniture (sans génie - jeu de mot nullissime inside, ne me remerciez pas, c'est la maison qui offre) : "C'est quoi le titre ?"
Et la fille de répondre en citant le titre à la manière dont on prononce un nom bizarre, jamais entendu, un truc exotique dont n'est pas trop sûr de la prononciation.
Réponse de la maman : "ah, et l'auteur, c'est qui ?"
Fifille : "Heu, je sais pas".
...
...
...
Et là, monsieur Pinpin se tourne vers madame Pinpin, qui a entendu la même chose. Pensant être passés dans la quatrième dimension, nous nous assurons que nous avons bien entendu ce que nous avons entendu. Hélas, oui.
Mais quel est donc ce titre mystérieux, cet ouvrage inconnu que l'enseignant faisait chercher (en version abrégée d'ailleurs, sans doute parce qu'un roman complet est trop compliqué à suivre) ?
Oh, trois fois rien, un opuscule ancien dont aucune postérité jamais n'a retenu le nom ni celui de ses personnages. Rien qui fasse partie de la culture générale de tout un chacun. Bref :
Le Dracula de Bram Stocker !
Le plus pitoyable dans cette histoire, c'est que non seulement la demoiselle en question a toutes les chances de s'être gavée de Twilight et autres Vampire Diaries, mais que la mère est tout aussi inculte. Et pourtant, nous vivons dans une ville plutôt bourgeoise et cultivée, et cultivant les écoles en rangs serrées.